Synopsis :
Douga a 33 ans. Depuis 1996 il vit à Paris dans un foyer en bordure du périphérique. Pour gagner sa vie, il est manœuvre dans le bâtiment. Une bonne part de son salaire est destinée à sa femme et ses enfants restés au Mali. Trois soirs par semaine, il suit des cours de français. Là, il retrouve d’autres migrants bien souvent sans papiers. Douga, lui, a obtenu son premier titre de séjour en 2009. Qu’est-ce que ça a changé pour lui ?
Réalisé en 2012, durée : 51 min
A propos du film
Une rencontre
Douga et moi, nous nous sommes rencontrés en 2006 entre La Chapelle et Barbes. A l’époque, dans le 18° arrondissement de Paris, des habitants avaient monté une chaîne téléphonique pour prévenir et réagir contre les arrestations massives de sans-papiers autour des sorties du métro du quartier. La police débarquait en force, quadrillait les rues et les sorties autour du métro et contrôlait au faciès. Elle remplissait au fur et à mesure des camionnettes ou des bus de personnes sans-papiers. Cette nouvelle méthode d’interpellation, nous l’avons assimilé à des rafles. Malgré la controverse sur le terme, que certains voulaient sanctuarisé aux méthodes des nazis, pour nous la façon de procéder était la même. Quand une rafle était signalée, on était prévenu par SMS. A La Chapelle, l’alerte était donnée par deux militants qui travaillaient au kiosque à journaux juste à côté du métro, mais parfois c’était des sans-papiers eux-mêmes ou des passants qui appelaient le numéro d’urgence.
Une des premières choses à faire était de demander aux policiers s’ils avaient un ordre de réquisition du préfet pour pouvoir procéder de la sorte. Parfois cela permettait de mettre fin à l’opération, mais les policiers n’appréciaient pas du tout. Puis on essayait de prévenir les gens autour. Certaines personnes faisaient demi-tour, d’autres nous toisaient et disaient « « Je suis Français, moi ! Monsieur ». Il faut dire que nos mises en garde se faisait aussi au faciès. La plupart du temps, beaucoup de personnes finissaient au centre de rétention. Un jour à la station Château d’eau, la rafle s’est terminée en émeute. Les travailleurs des salons de coiffure africains ont réagi collectivement avec des militants, pour chasser à coup de projectiles les policiers. A la suite de quoi, l’État semble avoir eu moins recours à ce genre d’opération. Ou du moins a privilégié la discrétion. Les opérations sont menées par des policiers en civils, d’origines diverses pour mieux se fondre dans la foule, avec des voitures et camionnettes banalisées. Les contrôles sont moins massifs, plus dispersés, moins ostentatoires, mais tout aussi fréquents.
Toujours est-il que j’ai rencontré Douga lors d’une réunion du collectif anti-rafle dans un parc du 18°. Il habitait au foyer Marc Seguin, non loin du parc. Il était venu avec un ami assister à la réunion. Discret et curieux nous avions sympathisé dès cette première rencontre. Il avait entendu parler de la réunion via le 9eme Collectif de Sans- Papiers, dans lequel il militait pour obtenir sa régularisation.
Les Collectifs de Sans-Papiers (CSP)[1] ont grandement contribué à mon éducation politique. A 19 ans je fais mes études à Lille. Je soutiens le CSP 59 (département du Nord). A la fin d’une manifestation, ils occupent l’Institut d’Études Politiques de Lille, puis 3 semaines plus tard, après leur expulsion par les CRS, ils occupent la bourse du travail. Là certains entament une grève de la faim. Malgré une nouvelle expulsion, ils obtiendront finalement tous leur régularisation. J’ai passé cinq mois a lutté avec ce collectif. La détermination des sans-papiers, leurs pratiques d’actions et d’occupations, leur fonctionnement en collectif et en assemblée de luttes m’ont marqué, malgré des désaccords sur la grève de la faim ou sur le fonctionnement parfois trop vertical du collectif. Par la suite, les rencontres faites lors de cette lutte ont été une porte ouverte sur le monde. Quelques années après avoir obtenu leurs papiers Petru et Abdel, deux anciens sans-papiers du CSP59, m’ont ainsi fait découvrir leur pays. Ils m’ont invité chez leur famille, à l’abri des sentiers touristiques en Roumanie et au Maroc.
L’idée du film
En 2007, je fais un premier film avec Douga et d’autres amis sans-papiers, tous du quartier entre la Goutte d’Or et Marx Dormoy. « Portraits sans visages » est une série d’entretien où seules les mains des personnes filmées apparaissent mélangées avec des images du 18°arrondissement. Je ne suis pas très content du résultat : ne pas pouvoir filmer les gens que l’on interroge complique la fabrication d’un film, où les images deviennent rapidement des illustrations de l’entretien, sans possibilité de filmer les gens dans leur vie de tous les jours. Le film est un pari sur cette impossible représentation des sans-papiers. Voici le premier portrait du film :
En 2009, après treize ans de galère, Douga obtient ses papiers, sur la base des 10 ans de présence en France.
En 2010, les images de l’entretien fait avec Douga lorsqu’il était sans-papiers seront le point de départ d’un nouveau film, ces images sont devenues la trace de la période où il n’avait pas de papiers. Je lui propose en effet de témoigner de son expérience en France, libéré de la contrainte de ne pas pouvoir filmer son visage. Plus précisément que la question des Sans-papiers, nous décidons que le film témoignera de la condition de travailleurs immigrés et de la difficulté d’être un étranger en France. Lors de nos discussions, Douga me fait part du mensonge entretenu sur l’immigration par les immigrés, qui bien souvent taisent leurs problèmes en France. Quand ils partent en vacance au pays, ils préfèrent passer du bon temps et dépenser leur argent chèrement gagné. Il faut imaginer au Mali, des familles entières, des villages mêmes qui dépendent de l’argent des émigrés, le tout avec une occultation souvent entretenue de la vie des immigrés en France.
Je lis à cette époque La Double Absence, des illusions de l’émigré aux souffrances de l’immigré d’Abdelmalek Sayad. La notion de double absence explique la situation du travailleur immigré : absent de son pays où il tait les douleurs de l’émigration, nié en France par l’exclusion, l’exploitation et le racisme. Cette lecture me guide dans la construction du film. Je passe alors plus de temps avec Douga pour essayer de déterminer ensemble ce que nous allons filmer. Assez vite nous décidons des lieux qui feront le film.
Le foyer de travailleurs immigrés
Les foyers de travailleurs migrants ont été créés dans les années 50, pour loger provisoirement la main-d’œuvre que l’on allait chercher à l’étranger dans un contexte de croissance économique. Pensés comme une solution temporaire, ils ont été construits à la va vite sur des terrains bons marchés : bord de périphérique, banlieue, près des cimetières… Ils ont rapporté et rapportent beaucoup d’argent au bailleur-propriétaire, remboursés depuis bien longtemps. Les travaux d’entretiens ne sont souvent pas faits et les chambres sont petites ce qui permet de rentabiliser au maximum le m2.
J’étais déjà allé plusieurs fois rendre visite à Douga au foyer. A l’extérieur, toujours quelques étals de vendeurs, les épiciers du foyer : soda, eau, briquets, noix de cola…. Passé le hall, on peut se rendre à la cuisine collective, où des femmes préparent le tieb ou le mafé pour 2 ou 3 euros. Plus loin la salle de prière et aux étages les chambres. Elles sont toutes surchargées. Déjà petites pour les unes ou deux personnes qu’elles sont sensée accueillir, c’est parfois 5 ou 6 personnes qui dorment là. Quand les matelas sont sortis il n’y a plus de place. Le plus vieux est le titulaire de la chambre, mais tout le monde se partage le loyer. On fait des économies, on loge les proches de la famille ou du village. Je discute longuement avec les amis de Douga. Certains sont partants pour le film, mais comme le dit Douga, il n’est pas évident de filmer dans les foyers : trop de sans-papiers, trop de gens qui veulent taire leur situation en France… les non-dits de la communauté.
La communauté pour tous les immigrés, c’est à la fois une chance et une forme d’enfermement. La communauté aide ces nouveaux arrivants, qui ne se retrouvent pas seuls dans un pays étranger. Les migrants qui n’ont pas de communauté installée en France depuis longtemps (Afghans, Syriens…) ont plus de mal à trouver un endroit où dormir et un petit boulot pour commencer à travailler. En même temps, toute communauté est traversée de rapports de force et d’obligations. De plus on peut s’y enfermer et on vous y enferme : combien de travailleurs immigrés ont passé trente ans en France, et ne connaissent que leur foyer et leur lieu de travail, sans jamais sortir de la région parisienne ? Quand l’Etat parle de communautarisme c’est soit pour stigmatiser une population en la dénonçant, soit pour utiliser l’autorité communautaire comme relais de son pouvoir. En clair, il dénonce le communautarisme pour mieux entretenir le racisme, mais il s’en sert aussi comme moyen de contrôle social.
Au moment où j’écris ce texte, l’Etat et les bailleurs sociaux réinvestissent les foyers avec une optique coercitive de chasse aux sans-papiers et de mise au pas des foyers : fermeture des espaces collectifs, notamment des cuisines, et descente de police pour contrôler les papiers. Certains luttent contre cette politique [2], qui sans résoudre aucun problème, exclue les plus fragiles et entrave la solidarité communautaire.
Finalement, si nous avons beaucoup filmé Douga seul dans sa chambre, c’est parce qu’il n’a pas été possible de faire participer les autres habitants du foyer au film. Nous avons essayé de les faire entendre dans le hors-champs et d’exprimer verbalement cette impossibilité de les filmer.
Le travail : les chantiers du bâtiment
L’histoire de l’immigration est à concevoir en fonction de l’histoire économique et coloniale. Les premières grandes vagues migratoires sont orchestrées par les industriels Français d’après-guerres, notamment pour répondre à un besoin en main d’œuvre peu qualifiée et mal payée. Ils recrutent la main d’œuvre directement dans les colonies. Après la décolonisation, ils continuent de le faire jusqu’à la fin des années 70.
Pour mémoire, quelques images d’archives d’un journal télévisé de 1989 sur l’immigration et le travail, avec notamment les propos de Francis Bouygues :
Aujourd’hui encore, même si le besoin en main d’œuvre n’est plus le même que pendant les trente glorieuses, la main d’œuvre immigré est nécessaire à des secteurs entiers de l’économie. Je pense à tous les sans-papiers qui travaillent au noir. Ils constituent le moyen de disposer d’une main d’œuvre sous-payée, non-déclarée, pour des activités que l’on ne peut pas délocaliser à l’étranger (restauration, bâtiment, nettoyage…). Une main d’œuvre, qui ne touche pas d’allocations sociales et que l’on peut renvoyer du jour au lendemain.
Un jour, Douga me montre des images qu’il a filmées au travail avec son téléphone. On le voit alors commencer à défoncer un mur en béton avec un marteau-piqueur. S’il s’est filmé, c’est pour le montrer à sa famille, un désir de témoigner et de faire comprendre sa vie en France. L’idée nous vient d’intégrer ces images au film, pour montrer ce lieu caché, où je ne peux pas filmer.
Douga a fait deux types de boulots depuis qu’il est en France : plongeurs dans la restauration et surtout manutentionnaire dans le bâtiment. Vu qu’il est en intérim, il change souvent de chantier : du nouvel hippodrome au nouvel immeuble de standing à La défense, en passant par la nouvelle salle de concert. A chaque fois, il me raconte si le chef est sympa ou non, si les collègues portugais, maghrébins ou haïtiens sont racistes ou pas, et à chaque fois le travail est éreintant physiquement, quand il n’est pas dangereux (amiante, poussière, travail en hauteur…). C’est les conditions de travail de nombre de travailleurs immigrés, avec des spécialisations selon les communautés, entretenues par les employeurs (aux maliens la manutention, aux égyptiens la peinture, aux pakistanais la pose de moquette….) avec tout un système de cooptation pour accéder au travail. Ce système participe à ce que le poids de la communauté favorise la docilité au travail [3]. Les images tournées par Douga transpirent cette dureté du travail.
Les cours de Français
Les cours de français de Christophe et Marie-Christine sont un lieu essentiel de la socialisation de Douga en France. Au moment du tournage de ce film, il s’y rend tous les mardis et les jeudis soirs à 19H. C’est là qu’il a appris à parler, à lire et à écrire le français. C’est là qu’ils fréquentent d’autres immigrés, qui vivent des situations comparables à la sienne. Christophe et Marie-Christine ont été un soutien essentiel pour que Douga puisse obtenir la régularisation de sa situation en France. Ils l’ont aidé à monter son dossier, à trouver des attestations de présence, ils l’ont domicilié chez eux… Je me rappelle qu’on l’avait tous accompagné à la préfecture lors de sa régularisation. Très vite, j’ai su que ce serait un lieu essentiel du film.
Les cours ont lieu dans un local prêté par l’Association Culturelle des Travailleurs Immigrés Turques, une organisation tendance mao-kurde, dans le quartier de Strasbourg-Saint-Denis à Paris. Christophe et Marie-Christine sont en lien avec le 9eme CSP et les luttes de sans-papiers. Ainsi les élèves arrivent au cours par la voie du bouche à oreille. Comme le cours est gratuit et ouvert à tout le monde, ils ont toujours beaucoup de participants, avec des élèves fidèles et d’autres occasionnels. Ces cours sont à l’image d’une activité militante courante dans les années 70 en France, avant que cet enseignement ne soit investi par l’Etat et les associations subventionnées, ils étaient délivrés de manière bénévole par des militants. Depuis plus de dix ans, Christophe et Marie-Christine tiennent ces cours hebdomadaires.
Certains s’étonneront du cours sur Vermeer, mais comme le dit Marie-Christine, qui s’occupent des élèves confirmés, pourquoi pas un cours sur la peinture flamande. La réflexion sur les caricatures de Mahomet porte aussi à polémique dans le cadre de l’instrumentalisation de l’Islam comme marqueur raciste par l’Etat français. Les images datent de 2009 et le problème est déjà latent. Marie-Christine est anarchiste, et en ce sens elle s’attaque aux religions dans leur ensemble. Même si parfois les positions anarchistes peuvent paraître dogmatiques au regard de la situation politique et sociale. Cependant elle dit ce qu’elle pense et en parle directement aux intéressés.
Avant de commencer à filmer, j’assiste régulièrement aux cours pendant 6 mois pour rencontrer et connaître les élèves. Ce lieu est très important pour le film car il condense des discussions et des situations qui révèlent les problèmes rencontrés par les travailleurs immigrés : le travail, la police, les papiers, la famille, la langue…. Il permet d’élargir l’expérience de Douga à une condition commune du travailleur immigré.
Diataya, le village au Mali
Le village de Douga est situé tout à l’ouest du mali, dans la région de Kayes. C’est une région sèche et pauvre du mali, d’où viennent nombre de travailleurs maliens vivant en France. L’argent qu’ils envoient au pays fait vivre des familles entières, voir même des villages entiers. Des associations de migrants existent pour chaque village et suppléent bien souvent aux insuffisances de l’Etat malien : construction d’écoles, de centres de santé, d’infrastructure routière ou hydraulique et de mosquée.
Dès qu’il a eu ses papiers, Douga a pu rentrer voir sa famille au Mali. Il ne l’avait pas vu depuis treize ans. Maintenant il y retourne chaque année. C’est ses seules vacances. Au bout d’un an de tournage, en 2011, Douga m’annonce qu’il va faire son voyage annuel. Après l’expérience des images tournées par lui au travail, je me dis qu’il serait bien qu’il filme aussi lui-même le village , où de toute façon je ne peux pas me rendre, parce que je travaille à cette période et je n’ai pas l’argent. Je lui confie donc une caméra, et lui donne un seul conseil : faire le plus de plans fixes. Il filme alors les images de Diataya qui sont dans le film.
La discussion qu’on a ensemble dans la voiture tente de creuser la notion de double absence : le problème de l’argent, l’incompréhension sur sa vie France, la vie au Mali tellement différente…
Une coréalisation et notre double présence à l’image
Au début du projet, Douga ne devait pas filmer d’images et je ne devais pas figurer dans le film. Mon impossibilité de filmer le travail et de filmer le Mali ont rendu nécessaire sa participation accrue à la fabrication même du film. De même, je n’avais pas prévu d’apparaître à l’image. Mais au fur et à mesure du tournage, un jour il me confie qu’il lui est pénible d’être filmé comme ça tout seul dans la rue. Vu que ce film est aussi notre histoire d’amitié, c’est à ce moment que j’ai décidé de passer avec lui devant la caméra. C’est un autre ami Franck Guillemain qui a pris la caméra. Le film a dû être en partie remodelé à ce moment-là. Une des grandes noblesses de Douga est qu’il n’a pas fait ce film pour se mettre en valeur mais pour témoigner.
Quelques mots d’aujourd’hui
Douga et moi allons bien, merci. Par contre une nouvelle page s’est tournée dans l’histoire de l’immigration avec « la crise des réfugiés ». Depuis le début de l’année 2015 « les réfugiés » sont sous les feux médiatiques, avec des naufrages et des morts sans précédents aux frontières de l’Europe, en même temps qu’une augmentation importante du nombre des « migrants ». Une augmentation due aux nombreuses guerres (Afghanistan, Irak, Libye, Mali, Syrie…) provoquées ou alimentées par l’Europe et d’autres puissances dans des visées impérialistes. La déstabilisation des Etats des pays du Tiers-Monde, si elle facilite la captation des matières premières, a ses conséquences en termes migratoires : plus d’Etat pour faire les gendarmes de l’Europe et situation de crise pour les populations. Ce qui explique le soutien totale de l’Union Européenne au régime autoritaire turque, afin qu’il accepte de devenir le centre de rétention de toute l’Europe.
Dans le même temps que les Collectifs de Sans-papiers semblent moribonds entre répression (9eme CSP, CSP 59…) ou allégeance aux partis et organisation de la gauche gouvernementale, on assiste à un glissement sémantique orchestré par l’Etat. La question des étrangers en France était auparavant celle des Sans-papiers, terme insatisfaisant mais beaucoup plus général que celui de « réfugiés ». Avec cette transformation sémantique, on valide le fait que les régularisations pour les travailleurs immigrés deviennent quasiment impossibles. On est en train de criminaliser ceux qu’on désigne comme des migrants économiques. L’obtention de papiers semble aujourd’hui réservée aux demandeurs d’asile avec les mêmes règles arbitraires du « cas par cas ». Cette vidéo de l’expulsion du collectif des Baras filmée en septembre 2015 rend compte de cette nouvelle situation :
Notes :
[1]Le premier collectif de Sans-Papiers a été créé en 1996, à l’époque du gouvernement Juppé, avec Debré comme ministre de l’intérieur. Le 18 mars 1996, trois cents Africaines et Africains sans-papiers sortaient de l’ombre, occupaient l’Eglise Saint-Bernard et revendiquaient le droit des immigrés à circuler, à s’installer, à travailler, à vivre en France. De nombreux autres collectifs seront créé par la suite pour lutter face à la politique du « cas par cas » mise en place par le parti socialiste de retour au pouvoir. Les socialistes ont grandement capitalisé des voix sur l’émoi suscité par l’expulsion à la hache des Sans-papiers en grève de la faim dans l’église. Après leur victoire aux élections, ils annoncent une régularisation des sans-papiers mais au « cas par cas », et avant même l’étude des dossiers, ils disent qu’ils vont régulariser 80 000 personnes alors que 143 000 dossiers seront déposés. Ils entérinent alors définitivement une politique du quota de régularisation, qui est devenue la norme. Aujourd’hui, après la période Sarkozy, on en est arrivé à une politique du quota d’expulsion chaque année. Une irréversible criminalisation des migrants depuis le : «Il y a, en effet, dans le monde trop de drames, de pauvreté, de famine pour que l’Europe et la France puissent accueillir tous ceux que la misère pousse vers elles» de Michel Rocard en 1989.
[2] http://www.copaf.ouvaton.org/
[3] Voir Nicolas Jounin : « chantiers interdit au public ».